Tu es la plus belle de mes blessures toi mon amour des mots, tu as mis mon cœur à vif et j'espère que de ceci je ne guérirai jamais.
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C'était une grande ville et une grande nation, c'étaient murailles d'acier et machines grondantes et les hommes étaient fiers, fiers de leur savoir et de leur force. Leurs armées possédaient le monde et les étoiles étaient leurs esclaves...énergie rayonnant dans leurs cités...empalant le ciel sans remords...déchirant les mystères...
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Dans cette nation et ce monde d'acier errait le dernier barde, dernier poète, dernier rêveur...En ces temps derniers où les foules se gavaient de jeux virtuels et de télé-réalité, le rêveur allait doucement avec ses pauvres mots et ses pauvres sentiments...ses pauvres amours aussi, solitaire en un monde où le sexe s'étalait sur tous les murs...
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Il allait par ruelles et avenues et déclamait doucement au pied d'une station automatique ou assis sur une rambarde...il déclamait les mots anciens et les mots de pluie...les chants d'amour et l'apaisement de lune...il déclamait les ruines des châteaux et les longues landes vertes, les montagnes brumeuses et le goût des lèvres aimées....
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Il déclamait et le bruit des voitures couvrait sa voix...il déclamait doucement, si doucement qu'il fallait se taire et se pencher pour l'entendre..si doux qu'il fallait vouloir...et ressentir...
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Mais les foules pressées ne lui prêtaient nulle attention, jamais, trop pressées et gorgées de jouissances...elle passaient sans s’arrêter, juste le temps d'un regard et d'un mépris, parfois juste le temps d'une raillerie et repartaient dans un éclat de rire...
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Le rêveur déclamait, doucement, la poésie ancienne d'un monde et les hommes passaient sans s’arrêter..et les hommes ne comprenaient pas sa langue rauque et brute...langue de pierre et de fer...d'eau aussi et caresse de pluie... Les hommes ne comprenaient et ne voulaient plus comprendre, seuls comptaient les mots nouveaux et les colosses robotisés d'une science toute puissante...les filles passaient et les hommes...
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Et le rêveur, sous les arches des tours épaisses, déclamait doucement...et il n'y avait personne pour l'entendre...plus personne...Que valent les mots pour qui n'a jamais ou ne sait plus ressentir...quand les autres ne connaissent plus que tourisme organisé et drague urbaine...à quoi bon...sinon pour soi...
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Alors le rêveur murmurait doucement dans l'ombre, ombre du béton, poussière grise des couloirs de métro...Quand tous étaient partis, passés, il restait dans le silence revenu comme un noir ami...restait à chantonner doucement une complainte oubliée...dernier rêve ou songe obsolète...rêvant tout seul, rêvant pour lui ce temps oublié et cette folie d'ailleurs car les temps en étaient finis. Temps de Princes et Princesses, de batailles glorieuses, temps de quêtes et de poèmes hardis quand les chevaliers partaient chercher Dieu et que les fous voulaient traverser l'océan...Sous les arbres disparus, dans les montagnes, âmes du nord battues par les vagues et l'inconnu...les âmes étaient rudes et généreuses et connaissaient le pouvoir d'un mot et le fugitif d'une vie...
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Mais les hommes ne veulent plus des temps anciens, ne veulent plus d’héroïsme et ont peur du vide...partout le connu, le sécurisé...niches douillettes et routeur météo...courbes de plastiques et couleurs joyeuses, prévisions statistiques et assurances obligatoires...les foules veulent une vision close et rassurante. Dehors le vent et le froid... !!! Dehors la peur et les ombres...!!! Ici règnent les lumières des Hommes...
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Mots anciens faits de pierre et de chair...les mots nouveaux s'étaient fait productifs et les mots anciens étaient obsolètes, mots anciens de prêtres devenus comptables ou commerciaux...seules ne comptaient plus que la productivité et les courbes de consommations... audimat...monde utilitaire, organisé, mais pour qui ? A quoi sert un monde aux trains toujours à l'heure, quand partout ressemble à ici, quand les différences sont nivelées ou stratifiées dans des parcs artificiels...
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Le monde était bien fini et le dernier rêveur errait lentement dans ces villes qui se ressemblent toutes avec partout les mêmes lumières et devantures...partout les mêmes regards éteints ou rires trop forts et regards carnassiers...
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Il marchait, lentement...sale et crasseux et rempli de la lumière des glaciers et des lochs...d'avant les centrales hydrodynamiques et les cuves nutritionnelles géantes...avant la rationalisation des terres et la décentralisation bureaucratique. C'était devenu un monde pauvre, si pauvre malgré ses clinquants et ses plaisirs, gorgé de pétrodollars et de technologie...pauvre de sincérité et de cœur...quand personne ne regarde plus personne...quand passent les foules indifférentes et que se banalisent les pilules à avaler comme s'il ne pouvait plus y avoir de bonheur autre que provisoire ou chimique...comme s'il fallait aller plus vite, toujours plus vite, par peur de...quoi ? De se regarder peut-être...simplement...derrière bronzage et gadgets, vêtements tendance ou sexualité reconnue...peur de regarder simplement son âme ?
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Le dernier rêveur était perdu depuis longtemps dans son monde..yeux mi-clos, puant dans ses guenilles de clodo...catalogué comme sdf, donc inutile et refusant centres d'aides et autres programmes abrutissants. Il chantonnait doucement pour lui-même, se balançant sur ses talons, chantonnait la mer et le vent, la liberté et la folie...rage d'aimer et violence d'un regard...rage d'être, de VIVRE, quand enfants encore on allait combattre, maintenant partout enfants gâtés, partout volonté de jouir et la quête oubliée...
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Sous les vieilles pierres d'une église il est une rose noire...il était... rose douce et amère...mais qui se souvient..qui connaît les vieux chemins de pierre improductifs et cette statue de la Vierge en bois...vieille statue lissée, rugueuse...qui se souvient à par les vieux de l'hospice...la vieille statue de chêne qui lentement rêve dans le silence des pierres, rêve pour les hommes partis...
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Il chantonnait le plaisir de courir seul sur la côte et la joie d'être, par soi-même non un rouage productif … simplement soi, soi-même...devenu libre et vivant par soi... Tout peut s'acheter, sauf l'essentiel, l'apaisement de l'âme...tout sauf ce sourire, dans l'ombre …
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Un jour ou une nuit...éclairage artificiel cachant la lune et tags fluorescents des murs...il sentit...quelque chose...une présence ou une attente devant, devant lui...se redressa lentement sur son tas de cartons et clignota des yeux sous les éclats violents...devant lui était une enfant...regard immense, attendant, écoutant ...devant lui, une enfant, ou une petite fée...possible...qui soudain se sauva et en courant chanta les mots de la terre oubliée...
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Le dernier rêveur
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C'était une grande ville et une grande nation, c'étaient murailles d'acier et machines grondantes et les hommes étaient fiers, fiers de leur savoir et de leur force. Leurs armées possédaient le monde et les étoiles étaient leurs esclaves...énergie rayonnant dans leurs cités...empalant le ciel sans remords...déchirant les mystères...
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Dans cette nation et ce monde d'acier errait le dernier barde, dernier poète, dernier rêveur...En ces temps derniers où les foules se gavaient de jeux virtuels et de télé-réalité, le rêveur allait doucement avec ses pauvres mots et ses pauvres sentiments...ses pauvres amours aussi, solitaire en un monde où le sexe s'étalait sur tous les murs...
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Il allait par ruelles et avenues et déclamait doucement au pied d'une station automatique ou assis sur une rambarde...il déclamait les mots anciens et les mots de pluie...les chants d'amour et l'apaisement de lune...il déclamait les ruines des châteaux et les longues landes vertes, les montagnes brumeuses et le goût des lèvres aimées....
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Il déclamait et le bruit des voitures couvrait sa voix...il déclamait doucement, si doucement qu'il fallait se taire et se pencher pour l'entendre..si doux qu'il fallait vouloir...et ressentir...
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Mais les foules pressées ne lui prêtaient nulle attention, jamais, trop pressées et gorgées de jouissances...elle passaient sans s’arrêter, juste le temps d'un regard et d'un mépris, parfois juste le temps d'une raillerie et repartaient dans un éclat de rire...
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Le rêveur déclamait, doucement, la poésie ancienne d'un monde et les hommes passaient sans s’arrêter..et les hommes ne comprenaient pas sa langue rauque et brute...langue de pierre et de fer...d'eau aussi et caresse de pluie... Les hommes ne comprenaient et ne voulaient plus comprendre, seuls comptaient les mots nouveaux et les colosses robotisés d'une science toute puissante...les filles passaient et les hommes...
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Et le rêveur, sous les arches des tours épaisses, déclamait doucement...et il n'y avait personne pour l'entendre...plus personne...Que valent les mots pour qui n'a jamais ou ne sait plus ressentir...quand les autres ne connaissent plus que tourisme organisé et drague urbaine...à quoi bon...sinon pour soi...
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Alors le rêveur murmurait doucement dans l'ombre, ombre du béton, poussière grise des couloirs de métro...Quand tous étaient partis, passés, il restait dans le silence revenu comme un noir ami...restait à chantonner doucement une complainte oubliée...dernier rêve ou songe obsolète...rêvant tout seul, rêvant pour lui ce temps oublié et cette folie d'ailleurs car les temps en étaient finis. Temps de Princes et Princesses, de batailles glorieuses, temps de quêtes et de poèmes hardis quand les chevaliers partaient chercher Dieu et que les fous voulaient traverser l'océan...Sous les arbres disparus, dans les montagnes, âmes du nord battues par les vagues et l'inconnu...les âmes étaient rudes et généreuses et connaissaient le pouvoir d'un mot et le fugitif d'une vie...
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Mais les hommes ne veulent plus des temps anciens, ne veulent plus d’héroïsme et ont peur du vide...partout le connu, le sécurisé...niches douillettes et routeur météo...courbes de plastiques et couleurs joyeuses, prévisions statistiques et assurances obligatoires...les foules veulent une vision close et rassurante. Dehors le vent et le froid... !!! Dehors la peur et les ombres...!!! Ici règnent les lumières des Hommes...
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Mots anciens faits de pierre et de chair...les mots nouveaux s'étaient fait productifs et les mots anciens étaient obsolètes, mots anciens de prêtres devenus comptables ou commerciaux...seules ne comptaient plus que la productivité et les courbes de consommations... audimat...monde utilitaire, organisé, mais pour qui ? A quoi sert un monde aux trains toujours à l'heure, quand partout ressemble à ici, quand les différences sont nivelées ou stratifiées dans des parcs artificiels...
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Le monde était bien fini et le dernier rêveur errait lentement dans ces villes qui se ressemblent toutes avec partout les mêmes lumières et devantures...partout les mêmes regards éteints ou rires trop forts et regards carnassiers...
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Il marchait, lentement...sale et crasseux et rempli de la lumière des glaciers et des lochs...d'avant les centrales hydrodynamiques et les cuves nutritionnelles géantes...avant la rationalisation des terres et la décentralisation bureaucratique. C'était devenu un monde pauvre, si pauvre malgré ses clinquants et ses plaisirs, gorgé de pétrodollars et de technologie...pauvre de sincérité et de cœur...quand personne ne regarde plus personne...quand passent les foules indifférentes et que se banalisent les pilules à avaler comme s'il ne pouvait plus y avoir de bonheur autre que provisoire ou chimique...comme s'il fallait aller plus vite, toujours plus vite, par peur de...quoi ? De se regarder peut-être...simplement...derrière bronzage et gadgets, vêtements tendance ou sexualité reconnue...peur de regarder simplement son âme ?
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Le dernier rêveur était perdu depuis longtemps dans son monde..yeux mi-clos, puant dans ses guenilles de clodo...catalogué comme sdf, donc inutile et refusant centres d'aides et autres programmes abrutissants. Il chantonnait doucement pour lui-même, se balançant sur ses talons, chantonnait la mer et le vent, la liberté et la folie...rage d'aimer et violence d'un regard...rage d'être, de VIVRE, quand enfants encore on allait combattre, maintenant partout enfants gâtés, partout volonté de jouir et la quête oubliée...
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Sous les vieilles pierres d'une église il est une rose noire...il était... rose douce et amère...mais qui se souvient..qui connaît les vieux chemins de pierre improductifs et cette statue de la Vierge en bois...vieille statue lissée, rugueuse...qui se souvient à par les vieux de l'hospice...la vieille statue de chêne qui lentement rêve dans le silence des pierres, rêve pour les hommes partis...
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Il chantonnait le plaisir de courir seul sur la côte et la joie d'être, par soi-même non un rouage productif … simplement soi, soi-même...devenu libre et vivant par soi... Tout peut s'acheter, sauf l'essentiel, l'apaisement de l'âme...tout sauf ce sourire, dans l'ombre …
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Un jour ou une nuit...éclairage artificiel cachant la lune et tags fluorescents des murs...il sentit...quelque chose...une présence ou une attente devant, devant lui...se redressa lentement sur son tas de cartons et clignota des yeux sous les éclats violents...devant lui était une enfant...regard immense, attendant, écoutant ...devant lui, une enfant, ou une petite fée...possible...qui soudain se sauva et en courant chanta les mots de la terre oubliée...
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